Quant aux rares projets actuels de créations, de réalisations que peu de villes osent entreprendre, ou porter à une étude volontaire sur le devenir de projets viables, la phalangette d’un auriculaire est bien trop importante pour les soulever. Il suffit parfois d’écarter un tapis de coco ou casser un coin de vieux carrelage soufflé pour découvrir qu’une mosaïque était là, patiente, attendant qu’on la redécouvre, comme une belle au bois dormant que les années ont salie mais pas détruite.

La création d’une mosaïque semble une évidence, comme autant de tesselles formant une rivière d’émotions. Ce mouvement délicat qui impose sa mélodie statique à notre envie de toucher, charnelle fraicheur matérielle, ô combien chaleureux en couleur, nous appelle à le caresser. C’est comme un bon vin. La chaleur et la couleur d’une mosaïque nous enchantent. Le toucher de la pierre est sa fluidité et nos narines se prêtent à reconnaitre l’odeur du silicate, du souffre et du carbone. Et nous buvons cette oeuvre des yeux avant d’être saoulés par les centaines, les milliers, les millions de tesselles qui vont, viennent et virevoltent en un pas de danse infini. Cette aubade souriante semble encore plus étonnée que nous d’avoir été créée.

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